« Le Journal » en un mot avec Bruno Putzulu et Bruno Debrandt

« Le Journal », un thriller haletant qui interroge notre rapport à l’information et à la vérité. Entre presse, corruption et manipulation, cette pièce de théâtre bouscule les certitudes. Bruno Putzulu et Bruno Debrandt nous en donnent un avant-goût en partageant leur vision de ces thèmes brûlants au micro des Fans de Culture.

 



Bruno Putzulu : Est-ce que je vais au bout de l’affaire que je voulais dénoncer ou est-ce que je mets un peu d’eau dans mon vin pour sauver ma fille ?
Je suis directeur d’un grand journal d’investigation, Le journal. J’ai mon meilleur ami… et puis je suis prêt à faire éclater ce que je juge qui pourrait faire le buzz sur un ministre. Il se fait que, dans le même temps, ma fille est à Jakarta, elle est accusée de mouiller un peu dans un trafic de drogue. Et puis ce ministre est la seule personne qui peut m’aider à faire sortir ma fille de prison.
Bruno Debranbt : C’est vraiment la question : est-ce qu’on remet en question ses principes quand une affaire privée vous saisit de plein fouet ?

La presse
B. P. : La presse, c’est pour moi un témoin de l’histoire, un bon ou un mauvais témoin.
B. D. : Il y a une histoire de la presse, il y a les journaux et puis il y a aujourd’hui. Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est de la saisir comme un document, comme une information, comme un miroir sur la société et de faire appel à tout son libre arbitre pour la regarder avec beaucoup de recul.

La corruption
B. D. : Si on en revient à la pièce, effectivement, il est question de corruption, d’argent, mais aussi de la corruption morale. Mais celle que je trouve encore plus jolie, c’est la corruption des corps.
Tu veux nous le dire ? Je te piège !
B. P. : Je dis que la seule corruption à laquelle j’aurai affaire, c’est la mort, comme tout le monde.
B. D. : C’est-à-dire, que la corruption soit financière ou morale, la seule finalement pour laquelle il faut s’inquiéter, c’est celle-ci, c’est la mort de l’esprit, la mort de sa moralité, et puis la mort tout court.

La vérité
B. P. : La vérité des faits, c’est comme un documentaire, c’est jamais la vérité.
B. D. : On essaie de s’en approcher le plus possible, mais elle est forcément subjective.
B. P. : Dans le journalisme, il y a toujours un angle, il y a toujours un point de vue. Moi, je pense que le journaliste, il ne peut pas, il n’est jamais neutre. Il faut qu’il essaie de comprendre sans juger. Mais est-ce que c’est possible ?
B. D. : On dit toujours que pour tirer le maximum de vérité d’un fait, il faut saisir dix journaux différents. Ça appartient aux Suisses ça, la neutralité, non ? On est très Français nous, on a besoin de débattre.