« La Jalousie » - Rencontre avec Michel Fau et Gwendoline Hamon
France TV & Vous a rencontré Gwendoline Hamon et Michel Fau à l’occasion de la reprise de « La Jalousie » de Sacha Guitry, présentée au Théâtre de la Michodière, qui célèbre cette année 100 ans de créations. Les deux artistes évoquent la modernité du texte, le travail en amont de la mise en scène et la complicité qui les unit sur scène.
Dans cette reprise baroque, Guitry, sous la mise en scène raffinée de Michel Fau, fait résonner avec modernité les tourments de l’amour-propre et les ressorts de la jalousie. Entre dialogues ciselés, rebondissements jubilatoires et satire mordante de l’hypocrisie, La Jalousie met en lumière les femmes comme figures d’intelligence, de finesse et de subtilité.
Avec Gwendoline, on cherchait une pièce drôle, alors, je lui ai dit : « Tu sais, les pièces drôles ne me font pas rire d’habitude », donc on s’est réfugiés vers un maître, qui est Sacha Guitry.
Michel Fau
« La Jalousie » - Rencontre avec Michel Fau et Gwendoline Hamon
Gwendoline Hamon : Si vous voyez un spectacle qui vous bouleverse, vous reviendrez. Le truc, c’est qu’il ne faut pas tomber sur la mauvaise pièce. Michel Fau : J’ai une passion pour Guitry, et avec Gwendoline, on cherchait une pièce drôle. Alors, je lui ai dit : « Tu sais, les pièces drôles ne me font pas rire d’habitude », donc on s’est réfugiés vers un maître qui est Sacha Guitry.
France TV & Vous : Qu’est-ce que cette pièce raconte, selon vous, du couple et du rapport amoureux ? M. F. : Je pense que le mari aime mal sa femme. Il l’aime pour lui, il ne l’aime pas pour elle. C’est pour ça qu’on dit toujours que Guitry est misogyne, mais là il fait le portrait d’un homme qui est vraiment un pervers narcissique. Donc c’est une pièce très actuelle. G. H. : Et pas du tout misogyne pour le coup, car ce sont les femmes qui ont, d’une certaine façon… M. F. : Qui gagnent à la fin. G. H. : Oui, et qui sont intelligentes, et qui sont pures, et… Eh oui !
Le baroque, c’est la patte Michel Fau ? M. F. : Le baroque, ça vient du mot « bizarre ». J’aime les choses contrastées, j’aime les choses délicates, raffinées, et puis virtuoses aussi, brillantes. Mais l’opéra m’a appris à travailler beaucoup en amont, comme metteur en scène. G. H. : En amont ? M. F. : En amont, c’est-à-dire… G. H. : En Hamon, Gwendoline Hamon ? M. F. : En Hamon, en Gwendoline Hamon ! G. H. : C’est surtout un grand esthète, c’est un homme qui aime le beau, alors pas forcément le beau qui se voit, il aime le beau, la grâce. Et comme le disait mon grand-père : « Ce qui est beau, c’est ce qu’on aime. » Mais c’est un grand esthète, c’est un raffiné, et c’est un sensuel. Non mais c’est vrai, alors pas au sens premier du terme… Enfin, ça je n’en sais rien d’ailleurs. M. F. : Ah si, aussi. G. H. : C’est un sensuel, c’est un fin, un subtil, sous ses airs d’ogre. M. F. : C’est elle qui le dit.
Quel type de metteur en scène est Michel Fau ? G. H. : Michel, c’est pas quelqu’un qui impose violemment les choses. Il vous laisse être, il vous laisse aller, et puis il vous fait plein de petites remarques avec une façon de faire qui n’est pas un ordre. Et puis on y va et ça devient une danse, une musique.
Vous avez toujours le trac avant de jouer ? G. H. : Alors moi j’ai un trac fou, j’ai du mal à respirer. Carrément, je me dis : « Qu’est-ce que je fous là ? Je vais crever. » Et puis ça passe. Déjà, il y a quatre mois, j’étais dans l’angoisse du costume, et quand j’ai vu que c’était du velours avec de la fourrure, et que la Michodière, qui s’appelle donc la « mi »-« chaudière », je me suis dit : « Ça va aller tout seul. » Et toi ? M. F. : Je crois qu’on a de plus en plus le trac. Mais c’est pas un trac négatif, moi, c’est un trac d’excitation, comme si j’allais faire un parcours automobile, quelque chose de difficile. G. H. : Il y a Nicole qui renifle d’un air de dire : « Alors, c’est quand la fin ? »
La Jalousie au Théâtre de la Michodière
Un fonctionnaire respectable rentre chez lui après avoir trompé sa femme et tente de justifier son retard par toutes sortes d’excuses. Mais il découvre que son épouse n’est pas encore rentrée, et se retrouve rapidement pris à son propre piège. Sa jalousie se déchaîne alors de manière incontrôlable et grotesque, entraînant le spectateur dans un tourbillon de situations à la fois drôles et cruelles.
Texte de Sacha Guitry
Mise en scène de Michel Fau
Avec Gwendoline Hamon, Michel Fau, Alexis Moncorgé, Geneviève Casile, Fabienne Galula, Alexis Driollet, Joseph Tronc, Léo Marchi