France Télévisions célèbre la gloire et l’œuvre de Marcel Pagnol

Un portrait documentaire suivi de « La Femme du boulanger »

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparition de l’écrivain-cinéaste, France Télévisions rend hommage à ce passeur gourmand de mots, conteur insatiable, génie multiple et prolifique. Un passionnant portrait documentaire, « Les Trésors de Marcel Pagnol », suivi de son chef-d’œuvre, « La Femme du boulanger ». Vendredi 19 avril à 21.05 sur France 5.

« Les Trésors de Marcel Pagnol ». © DR

De Marius à Fanny, d’Ugolin à César, de Panisse à Topaze, de Manon des sources au « Schpountz », ses personnages ont fait mieux qu’entrer dans la légende : ils sont entrés dans nos cœurs. Portés au début du cinéma parlant par les fous rires légendaires de Fernandel, les colères homériques de Raimu ou les œillades appuyées de Louis Jouvet, ils ont été ensuite repris, réinventés, réinterprétés à travers le temps par Yves Montand, Daniel Auteuil, Michel Galabru, Philippe Caubère et même dans des remakes japonais et des comédies musicales. Dramaturge, poète, écrivain, cinéaste, membre de l’Académie française et même inventeur (il est à l’origine du boulon indéboulonnable et de la « topazette », improbable voiture à trois places qui finit dans le fossé dès le premier essai), Marcel Pagnol est une des figures les plus attachantes de notre patrimoine culturel. Réservoir à dictées pour des générations d’écoliers, son œuvre littéraire se joue des frontières. Record d’audience à chaque rediffusion télévisée, son œuvre cinématographique traverse les époques.
Comment oublier les bartavelles de La Gloire de mon père ? La savoureuse partie de cartes de « la trilogie marseillaise » ? La poignante tirade du boulanger à la Pomponette ? Et toutes ces symphonies d’accents, ce plaisir gourmand du dialogue, cette avidité des mots ? À travers les situations les plus cocasses et parfois les plus dramatiques, Pagnol s’impose comme un condensé d’humanité. Il est le portraitiste attendri et sans concession des âmes seules et des fadas, des filles mères et des petits bâtards, des écorchés vifs, des cabossés par la vie. « J’essaie de faire rire des gens qui ont bien des raisons de pleurer », disait-il simplement.
Mais lui, qui était-il ? Que sait-on vraiment de Marcel Pagnol derrière ses « pagnolades » ? Sa vie, il l’a moins racontée que distillée au fil de son œuvre (en particulier, bien évidemment, à travers les quatre tomes de ses Souvenirs d’enfance débutés avec La Gloire de mon père). Gardien pudique de sa propre légende, il n’avait de cesse de se cacher derrière son humour et ses personnages. À ce jour, aucun grand documentaire ne s’était attelé à dresser le portrait du grand homme.

– Honoré, si tu es un homme, dis-moi tout de suite, et devant tout le monde, que tu me prends pour un menteur.

– Mais naturellement que je te prends pour un menteur !

– Eh bien Honoré, je suis au regret de te dire que tu as absolument raison ! À la tienne !

Escartefigue et Panisse dans « Fanny » de Marcel Pagnol

Réalisé par Fabien Bézat et guidé par la voix savoureuse de Fabrice Luchini, Les Trésors de Marcel Pagnol dévoile ainsi l’homme derrière les livres et les films et s’immisce dans l’intimité méconnue de cet incorrigible curieux né en 1895, la même année que le cinéma. Enfant du Sud, fils d’un instituteur aussi vénéré que redouté, orphelin de mère à 15 ans, marié clandestinement à 21 ans, il s’essaie à la poésie et au théâtre dans ses premières années, puis monte à Paris en 1922 pour enseigner au lycée Condorcet avec le ferme désir de percer. On connaît la suite : non seulement Pagnol se fait un nom, mais « pagnolade » rentre dans le langage courant. Après les premiers succès au théâtre (Topaze en 1927, puis la « trilogie marseillaise » en 1929), il devient réalisateur dans les années 1930, marquant durablement le jeune cinéma parlant de l’accent rocailleux du Sud, puis producteur avisé (à travers sa « Compagnie méditerranéenne de films ») et romancier reconnu (à partir de La Gloire de mon père, paru en 1957). « J’ai un grave défaut, disait-il, qui est de changer d’art à chaque instant. Ce n’est pas raisonnable. »
Pas raisonnable, en effet, et il fallait bien un documentaire aussi dense et envoûtant que Les Trésors de Marcel Pagnol pour prendre toute la mesure de la diversité de l’œuvre autant que de la complexité de l’auteur. Au fil de ses carnets, journaux, notes et souvenirs — des Mémoires à sa correspondance, en passant par les Confidences et les Carnets de cinéma —, le documentaire révèle ainsi un homme ambitieux, téméraire et sûr de ses idées. Un entêté qui su imposer le cinéma parlant à une époque où personne n’y croyait ; un ami fidèle, demeuré proche, malgré leurs différends, de Raimu et d’Albert Cohen ; et un éternel enfant, qui rêva d’offrir un « Hollywood provençal » à sa région natale. 
À l’appui de nombreuses archives, d’extraits de films, romans, pièces de théâtre et du précieux soutien de son petit-fils, Nicolas Pagnol, ce film rend un vibrant hommage à celui qui fit de sa vie une œuvre et de son œuvre un projet de vie. 

Raimu et Ginette Leclerc - « La Femme du boulanger »
Raimu et Ginette Leclerc dans « La Femme du boulanger ».
© MK2 - Les Films Marcel Pagnol

21.05 Les Trésors de Marcel Pagnol

Documentaire (111 min – 2024) – Scénario et réalisation Fabien Béziat – Voix off Fabrice Luchini – Production Programm33, avec la participation de France Télévisions

23.00 La Femme du boulanger

Aimable Castanier, le nouveau boulanger du village de Sainte-Cécile, en Provence, n’a pas son pareil pour faire du bon pain. Sa jeune épouse, Aurélie, tient la caisse et s’ennuie. Un jour, elle se laisse séduire par un avenant jeune homme et s’enfuit avec celui-ci. L’infortune du boulanger amuse tout d’abord le village. Mais Aimable, désespéré, s’enivre et veut se pendre. Les habitants s’inquiètent : vont-ils être définitivement privés de bon pain ? 

Film (128 min – 1938) – Scénario et réalisation Marcel Pagnol – Avec Raimu, Ginette Leclerc, Fernand Charpin, Charles Moulin

Les Trésors de Marcel Pagnol, suivi de La Femme du boulanger, diffusés vendredi 19 avril à partir de 21.05 sur France 5, sont à (re)voir sur france.tv

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Publié le 19 avril 2024