« Et Dieu créa la Côte d’Azur »

Alors que le 77e Festival de Cannes ouvre ses portes, on vous propose un flash-back sur cette partie du littoral méditerranéen avant qu’elle ne s’appelle la « Côte d’Azur ». Des cailloux arides au tapis rouge, des vendeuses de socca à l’Hôtel de Paris de Monaco, durant presque deux siècles, ses évolutions et révolutions ont été nombreuses et nous les visitons grâce à ces magnifiques documents d’époque, mercredi 15 mai à 21.10, sur France 3.

Vendeuse de socca sur la promenade des Anglais, à Nice. © Collection Editions Gilletta

Entre mer et montagne, cette bande de littoral de 15 kilomètres de large, caillouteuse ou marécageuse, n’intéressait personne… jusqu’en 1887. Les filles héritaient des terres de bord de mer, les moins généreuses, voire incultivables. Les hommes se consacraient à la pêche ou au maraîchage. Bref, une région pauvre. Les Romains, en passant par là, avaient laissé leurs oliviers et quelques monuments, mais pas de véritable essor économique. Il faut dire que le relief ne se prêtait guère à la construction d’une route commerciale. 

Luxe, frime et thé anglais
Mais c’était compter sans les Anglais. L’aristocratie de l’époque ne pensait qu’à fuir Londres et son smog, cette fumée épaisse que laissaient échapper les usines de la capitale britannique. La station balnéaire de Brighton devenait vraiment trop vulgaire et on avait entendu parler d’un médecin écossais qui prétendait que l’air du sud de la France et les bains de mer pouvaient guérir les maladies pulmonaires. 
L’engouement British pour les rivages azuréens était lancé ! La douceur de son climat, sa lumière, la mer n’ont cessé d’attirer les plus nantis, dont la reine Victoria elle-même, et aussi ceux dont les hivers sont bien trop rigoureux : les Russes ! Puis vinrent les Américains et la première vague de jet-setteurs menée par Hemingway, Francis Scott Fitzgerald et son épouse Zelda. Ils inventent les « Années folles » entre La Closerie des Lilas à Paris et la Villa Eden-Roc au cap d’Antibes, été comme hiver. L’extraordinaire lumière méridionale séduit non seulement les désormais adeptes de la bronzette mais, de façon plus productive, les peintres les plus doués de leur époque. Matisse, Picasso, Chagall, Cocteau, Léger s’y installent un temps ou définitivement. 
Dès lors et jusqu’à nos jours, rien n’arrête plus la vie trépidante et cosmopolite, de Saint-Tropez au Rocher monégasque sur la Riviera, comme un théâtre permanent avec ses folies et ses excentricités.

Pendant neuf mois, nous sommes tous normaux et après ce sont les fous qui arrivent au mois de juillet. On les attend avec impatience parce qu’ils nous apportent un peu de pognon et ils nous font un peu rire quand même.

Une habitante de Saint-Tropez

Lumière, cabanon et oliviers
Ces deux siècles de métamorphoses sont incarnés par les récits familiaux et les archives privées de ses résidents. Une des plus remarquables étant celle de Jean Gilletta. Le jeune photographe n’eut de cesse d’immortaliser sa région en arpentant les routes et chemins de la Riviera pendant cinquante ans avec sa chambre photographique et son tricycle. Il a l’idée de les proposer aux différents commerces sous forme cartonnée, comme des publicités. Très vite, les touristes s’arrachent ces « souvenirs » et, en 1897, il crée sa maison d’édition de cartes postales (récemment utilisées en France – 1870) Gilletta frères. Ces cartes postales fonctionnent comme un Instagram de l’époque, transmettant partout en Europe l’image d’une région aux incomparables panoramas, et contribueront à la construction du mythe de la Côte d’Azur.   

Jouez avec France Télévisions
Jouez avec France Télévisions
© FTV

 

La recette de la socca : une spécialité niçoise
        250 g de farine de pois chiche
        500 ml d’eau 
        30 ml d’huile d’olive (2 cuillerées à soupe)
        4 cuillerées à soupe d’huile d’olive pour la plaque de cuisson
        Sel, poivre
        
Verser la farine, 2 cuillerées à soupe d’huile d’olive, saler, poivrer et incorporer l’eau progressivement avec un fouet pour ne pas faire de grumeaux. La pâte doit être fluide comme une pâte à crêpes. Laisser reposer une demi-heure environ. Préchauffer le four à 220 °C et faire chauffer la plaque en fonte bien huilée. Lorsque la plaque est à température, y verser la préparation, étaler et laisser dorer environ 10 min. Dès qu’elle a une jolie couleur, sortir la socca du four et la manger chaude en la déchirant avec les mains. Cette galette niçoise peut aussi être agrémentée d’olives, de tomates sèches, de brousse (fromage frais de brebis)…  


Et Dieu créa la Côte d’Azur 

Berger sur la Croissette
Berger sur la Croisette.
© Library of Congress

Documentaire (90 min – 2024) – Auteur et réalisateur Stéphane Benhamou

— Conseiller historique
Jean-Paul Potron — Production
Siècle Productions
– Avec la participation de France Télévisions — Avec le soutien
de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en partenariat avec le CNC de la ville de Nice
— Avec la participation
du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée

Et Dieu créa la Côte d’Azur est diffusé mercredi 15 mai à 21.10 sur France 3
À (re)voir sur france.tv

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Publié par Diane Ermel le 15 mai 2024