Rendez-vous cinéma inédit dans « Beau Geste en public : Les femmes à l’écran - Anatomie d’un regard »

Après la diffusion du film « Frances Ha », Pierre Lescure poursuit le débat en public avec un numéro de « Beau Geste » sur la thématique « Les femmes à l’écran – Anatomie d’un regard ». Il est entouré d’Iris Brey (essayiste et journaliste), de Mounia Meddour (réalisatrice) et de Lucie Borleteau (actrice, réalisatrice et scénariste). 

« Beau Geste en public ». © DR

Depuis l’émergence du mouvement #MeToo, les réflexions se bousculent et le milieu du cinéma tente de faire peau neuve. Une bonne opportunité pour les femmes de tenter d’imposer leur regard face à une industrie par trop masculine. Mais trouver sa place dans un univers majoritairement masculin sans se laisser influencer, est-ce si simple ? De l’élaboration d’un personnage féminin à la représentation du plaisir féminin, de nouvelles thématiques et productions émergent, laissant les femmes raconter des histoires de femmes.


Barbie ou la libération de la créativité des femmes

Pour l’essayiste et journaliste spécialiste du regard féminin Iris Brey, résoudre l’inégalité de représentation de femmes au cinéma commence par plus de places devant et derrière l’écran.

Si on veut vraiment faire une révolution, il faut qu’il y ait plus de femmes à tous les postes décisionnaires. Pas qu’en tant que réalisatrices.

Iris Brey, essayiste, journaliste et réalisatrice de la série « Split »

Une recette qui a déjà fait ses preuves avec le blockbuster Barbie, où la complicité de la réalisatrice Greta Gerwig et de l’actrice Margot Robbie ont été au service de ce succès. Avec 1 milliard et demi de dollars au box-office, Barbie a confirmé que les femmes peuvent réaliser des films à gros budgets au même titre que les hommes, les encourageant à libérer leur créativité et à raconter des histoires qui leur plaisent.

Quand on fait des films avec des personnages féminins, on nous dit souvent qu’on fait des films de niches. Mais il y a des hommes et des femmes qui ont envie de voir des héroïnes, qui ont envie de voir des histoires d’amour portées par des femmes, qui ont envie de voir le point de vue féminin. Et c’est un argument majeur pour dire que ça peut fonctionner.

Iris Brey

Femmes et cinéma : un mariage récent ?

Cependant, cette volonté d’un cinéma plus féminin et engagé est loin d’être nouvelle. Des femmes derrière l’écran, il y en a eu ! Au XXe siècle, les thématiques féministes s’immiscent déjà dans le 7e art avec la réalisatrice française Alice Guy (1873-1968) et son long-métrage Les Résultats du féminisme (1906) soulignant les inégalités de genres avec un trait d’humour. Elles révolutionnent aussi certains aspects du cinéma, comme Dorothy Arzner (1897-1979), réalisatrice et grande inventrice du micro-perche.

Rapidement effacées au détriment de leurs homologues masculins, leur absence, notamment en France, dans tous les métiers du 7e art, laisse présager que femme et cinéma ne sont pas compatibles. Même au sein des écoles de cinéma.

La question qui revient souvent, c’est : « Est-ce que c’est possible d’être réalisatrice, est-ce que c’est difficile ? » Il faut vulgariser ce métier pour montrer que des choses sont possibles.

Mounia Meddour, réalisatrice du film « Papicha » (César 2020 du meilleur premier film)

Malgré d’importantes avancées, notamment avec le succès de Barbie ou d’Anatomie d’une chute, pour les invitées de ce débat, il y a encore des progrès à faire.

On a fait en sorte que les artistes [masculins] soient des sortes de dieux, des personnes intouchables qu’on ne peut pas critiquer parce qu’ils seraient des génies.

Lucie Borleteau, actrice, réalisatrice et scénariste du film « Fidelio, l’odyssée d’Alice »

Aujourd’hui, « écrire au féminin », c’est devenu bien plus qu’un travail créatif.

Lorsqu’on écrit un personnage féminin, on va essayer de créer un personnage complexe, c’est-à-dire féminin avec beaucoup d’intelligence, de puissance, de vulnérabilité, qui ne soit pas déconnecté de la réalité.

Mounia Meddour

« Écrire au féminin », c’est finalement mener une double bataille : assainir une industrie encore largement dominée par le patriarcat et le sexisme, et imposer de nouveaux récits et de nouvelles représentations des femmes. 

22.20 Beau Geste en public : Les femmes à l’écran – Anatomie d’un regard

Conférence (40 min – 2024 – inédit) – Présentation Pierre Lescure – Réalisation
Stéphane Bohée – Production
Black Dynamite et Groupe Mediawan
MK2

Invitées : Iris Brey, essayiste et journaliste, Mounia Meddour, réalisatrice, et Lucie Borleteau, actrice, réalisatrice et scénariste

Beau Geste en public est diffusé samedi 20 avril à 22.20 sur Culturebox
À voir et à revoir sur france.tv

Pour en savoir plus : « Split », l’utopie féministe d’Iris Brey

21.00 Frances Ha

Comédie dramatique (86 min – 2012) – Réalisation Noah Baumbach 
Avec Greta Gerwig, Mickey Summer, Michael Esper

Frances, jeune New-Yorkaise, rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup…

Frances Ha est diffusé samedi 20 avril à 21.00 sur Culturebox
À voir et à revoir sur france.tv

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Publié le 19 avril 2024