Lio, Jeanne Mas ou Jil Caplan : les brunes racontent leurs années 80

« Années 80, les brunes comptent plus pour des prunes ! » ou la révolution pop féminine

Avec humour et énergie, elles ont chanté le désir, le plaisir et même le droit à la paresse, marquant les années 80 de leurs provocations acidulées. Lio, Princess Érika, Caroline Loeb, Jil Caplan ou Jeanne Mas ont soufflé sur la musique pop un vent de liberté au féminin. Retour sur une décennie charnière avec ces pionnières du « Girl Power ». Vendredi 26 avril à 21.10 sur France 3.

Lio dans « Années 80, les brunes comptent plus pour des prunes ! ». © Zadig Productions

Si Hollywood a longuement forgé, à coup de décolorations et de lissages plus ou moins consentis, le mythe de la blonde platine, fausse ingénue mais vraie femme fatale, la variété française des années 80 a, elle, laissé exploser la fougue émancipatrice de la brune – ou plutôt des brunes, au pluriel, tant ce vent de liberté a d’emblée été soufflé en chœur, affirmation d’une sororité féministe, reprise de tubes en tubes par une poignée d’amazones à l’humour ravageur et décomplexé. « On a plus d’idées que les péroxydées », scandait Lio dans Les brunes comptent pas pour des prunes (1986), signant le manifeste d’une nouvelle féminité. « J’ai raté mon premier rôle, je jouerai mieux le deuxième », résumait Jeanne Mas (En rouge et noir, 1986), tandis qu’Agathe, avec son groupe Regrets, annonçait le programme dans Je ne veux pas rentrer chez moi seule (1983) : « J’veux encore parler / Faire l’idiote et m’laisser embrasser ». Ringardisant d’un coup l’image de la gentille muse des années 70 et écornant la « femme des années 80 » rêvée par Michel Sardou (« PDG en bas noir, sexy comme autrefois les stars »), ces artistes pleines d’énergie ont ouvert la possibilité d’un autre avenir, traduisant en parallèle les aspirations de toute une époque. Dans C’est la ouate (1987), Caroline Loeb osait même une formidable ode à la paresse, en totale opposition avec le début des années fric et du libéralisme sauvage. Liberté de penser, d’agir, d’aimer, de sortir, de traîner, de décider, hors des carcans masculins et des attendus de la bienséance dominante. Mai 68 était passé par là, la gauche venait d’être élue à l’Élysée : les brunes prenaient le pouvoir.

Dans les années 80, tout était possible, tout était très fun, très inventif, très créatif !

 

Caroline Loeb

En quelques années, enchaînant les succès populaires, Lio, Jeanne Mas, Agathe et quelques autres (Princess Érika, Jil Caplan, Buzy, Caroline Loeb par exemple, mais aussi Mylène Farmer, Catherine Ringer des Rita Mitsouko ou Muriel Moreno de Niagara) se sont emparées des nouvelles ondes des radios libres tout comme des plateaux télé traditionnels pour pulvériser les codes. Extravagantes tenues colorées ou sobres coupes garçonnes, look androgyne ou provoc, elles jouaient de leur image, s’emparaient des guitares électriques ou des boîtes à rythmes pour maquiller un slogan féministe en pop song sucrée. Autrement dit, elles ont su lier de façon unique divertissement et émancipation, légèreté de l’attitude et radicalité de l’engagement (mélange probablement inégalé depuis ces années 80 où, comme le dit Caroline Loeb, « tout était possible »). 
Égéries de toute une génération, elles ont été les pionnières de ce que l’on ne nommait pas encore le Girl Power, sans jamais ni se prendre au sérieux ni se renier. En leur donnant tour à tour la parole, le documentaire de Lucie Cariès entremêle souvenirs et anecdotes que de savoureuses archives (concerts, émissions télé, clips) ravivent avec force et nostalgie. Faisant la part belle aux extraits musicaux, Années 80, les brunes comptent plus pour des prunes ! traverse ainsi en bonne compagnie, et avec un plaisir hautement communicatif, cette décennie de fantaisie débridée qui, derrière l’insouciance revendiquée, conjurait le machisme ordinaire et redoutait déjà les heures sombres à venir (sida, montée de l’extrême droite, ultra-libéralisme). Dans Désenchantée (1991), titre prémonitoire s’il en est, Mylène Farmer refermait la parenthèse : « Si je dois tomber de haut / Que ma chute soit lente ».

Années 80, les brunes comptent plus pour des prunes !

« Années 80 : les brunes comptent plus pour des prunes »
« Années 80 : les brunes comptent plus pour des prunes ! »
© Zadig Productions

Les brunes ! C’est le début d’une nouvelle ère où ces chanteuses vont devenir les égéries de toute une génération. Au fil des années 80, une poignée de jeunes femmes a dynamité la chanson française. De Lio à Princess Érika, de Caroline Loeb à Jil Caplan en passant par Jeanne Mas, Buzy et Agathe, elles nous racontent cette décennie durant laquelle elles ont offert une version libérée de la femme.
À bas la douceur des blondes et l’archétype de la muse effacée des années 70, ces amazones pleines d’humour et d’énergie affirment une nouvelle féminité. Elles inversent les rôles, s’habillent comme ça leur chante, s’emparent des guitares électriques et jouent joyeusement avec la provocation pour faire évoluer les mentalités. Égéries de toute une génération, ces pionnières du Girl Power ont pulvérisé les codes sans jamais se prendre au sérieux. De tubes en tubes, les brunes ont utilisé la musique pop pour renverser la table et finalement tout changer.

Documentaire (95 min – 2024) – Scénario et réalisation Lucie Cariès – Production Zadig Productions – Musique originale Matteo Locasciulli
Avec Lio, Princess Érika, Caroline Loeb, Jil Caplan, Jeanne Mas, Buzy, Agathe

Années 80, les brunes comptent plus pour des prunes !, diffusé vendredi 26 avril à 21.10 sur France 3, est à (re)voir sur france.tv

Jouez avec les pionnières du « Girl Power »

Jouez avec les pionnières du « Girl Power »
Jouez avec les pionnières du « Girl Power »
© DR

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Publié le 23 avril 2024