Le Monde en face : PMA-GPA, les enfants ont la parole
Ils ont entre 8 et 20 ans. Leur point commun ? Leur mode de procréation. Tous sont nés de PMA (procréation médicalement assistée) ou de GPA (gestation pour autrui). À l’heure où s’esquisse une nouvelle parentalité, ces enfants sont plus que jamais au cœur du débat. Et au lieu de parler à leur place, « Le Monde en face » a choisi de leur donner la parole. Le documentaire sera suivi d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse. Rendez-vous mardi 2 juin, à 20.50, sur France 5.
« Il y a un monsieur qui a donné une graine à ma mère qui m’a fabriquée. C’est simple, non ? » (Jade)
« J’ai pas l’impression d’être différent. » (Kolia)
Ils se prénomment Kolia, Lucie, Sacha, Jade, Lou Ann, Mathis et Tom. Qu’ils aient deux papas, un papa et une maman, deux mamans et un papa, deux mamans ou une seule, tous ces enfants son nés de PMA ou de GPA et évoluent au sein de familles à géométrie variable. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils font beaucoup parler ! Au cœur du débat sur les questions de bioéthique, les principaux intéressés n’ont pourtant pas toujours l’occasion de pouvoir s’exprimer.
Face aux caméras du Monde en face, ces sept enfants ont choisi de prendre la parole et de se confier, sans détour, sur leurs histoires et leurs ressentis : visions de la famille, de la normalité, de leur avenir… Et s’interrogent également sur l’absence du père, l’identité du donneur, le secret qui entoure ces modes de procréation, l’éducation parentale. De quoi éclairer le débat…
Pour rappel, après une remaniement de texte, le Sénat a voté le 4 février 2020 l’adoption du projet de loi bioéthique (153 voix contre 143). Le texte, qui doit retourner devant l’Assemblée, ouvre la procréation médicalement assistée aux femmes seules et couples de femmes.
« Le vrai problème, c’est le regard des gens, ce n’est pas d’avoir des parents homos.
Lou Ann, deux mères, un père
Le regard des autres
Si certains dressent la liste des avantages (« plus de cadeaux à Noël » / « ma mère porteuse est une deuxième maman pour moi ») et des inconvénients (comme Lou Ann qui se plaint du système d’éducation différent de ses trois parents et de sa difficulté d’adaptation), beaucoup reviennent sur le regard des autres. « Le vrai problème, explique Lou Ann, c’est le regard des gens, ce n’est pas d’avoir des parents homos. » Quant à Tom, qui a choisi de demander à son parrain de devenir son père adoptif, il rappelle simplement que la sexualité de ses parents ne fait pas ce qu’il est. « La normalité, c’est juste d’accepter quelqu’un comme il est », conclut le jeune garçon. De son côté, Sacha, 9 ans, qui a participé à la Marche des fierté avec ses deux mamans, n’hésite pas à exprimer son agacement :« Ça me rend en colère qu’on manifeste, car cela veut dire qu’il y a plein de gens qui ne sont pas d’accord. »
Avec leurs mots à eux, leurs doutes, leurs vécus, ces enfants, déconcertants de naturel, lancent à l’unisson un véritable appel à la tolérance. En plus de leur mode de procréation, tous partagent, comme le rappelle Mathis, un autre point commun : celui d’être « encore plus désirés » par leurs parents, qui se sont battus pour qu’ils puissent voir le jour…
Qui sont-ils ?
- Kolia, 8 ans, a deux pères. Il est né d’une GPA réalisée en Russie. Ses pères ont gardé un lien avec la mère porteuse en échangeant régulièrement des mails. Kolia ne souhaite pas en savoir plus sur sa maman de naissance, comme il l’appelle.
- Lucie, 9 ans, a une mère. Née d’une PMA avec don anonyme faite par sa mère, célibataire, Lucie explique pourquoi elle a été conçue de cette manière. Elle dénonce le regard pesant des adultes sur son histoire.
- Sacha, 9 ans, a deux mères. Conçu par PMA avec don anonyme en Belgique, Sacha a deux mamans. Pour défendre ses droits, il n’a pas hésité à participer à la Marche des fiertés aux côtés de ses mères. Il parle ouvertement de son mode de conception et assume fièrement sa famille.
- Lou Ann, 11 ans, a deux mères et un père. Ses parents, homosexuels, ont décidé de faire un enfant à trois grâce à une insémination artisanale effectuée à la maison. La vie de Lou Ann est organisée autour de ses trois parents.
- Jade, 13 ans, a une mère et un père. Elle a vu le jour grâce à Corinne, une amie de ses parents. Cette femme s’est proposée d’être leur mère porteuse, car la maman de Jade était dans l’impossibilité de porter un enfant. La jeune fille considère Corinne comme sa deuxième maman. À l’école, elle préfère garder le secret de sa conception par peur d’être rejetée.
- Mathis, 18 ans, a un père et une mère. Il y a un an et demi, Mathis a appris que son père était stérile et qu’il a été conçu grâce à un don de sperme anonyme. Le jeune homme a alors décidé de faire des tests ADN afin d’en savoir plus sur son histoire. Depuis cette annonce, la relation avec son père est encore plus forte.
- Tom, 20 ans, a deux mères et un père adoptif. Né en Belgique par PMA avec don anonyme, Tom décide à l’adolescence de demander à son parrain de l’adopter. Aujourd’hui, il dit avoir la famille qu’il a choisie. Il n’hésite pas à parler des moqueries dont il a souffert toute son enfance et revendique le droit de choisir sa famille.
Après la diffusion du documentaire, Marina Carrère d’Encausse propose un débat avec plusieurs invités, dont
– Serge Hefez, psychiatre, responsable de l’unité de thérapie familiale au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière,
– Isabelle Laurans, cofondatrice de Mam’ensolo, maman d’une petite fille conçue par PMA,
– Ève, maman de Lucie.
Le Monde en face : PMA-GPA, les enfants ont la parole
Documentaire (65 min) - Réalisation Laure Granjon - Auteurs Laure Granjon et Jean-Thomas Ceccaldi - Production Mélissa Theuriau - Production 416Prod, avec la participation de France tv
PMA-GPA, les enfants ont la parole est diffusé mardi 2 juin à 20.50 sur France 5
À voir et à revoir sur france.tv
#LMEF | @lemondeenface | @LemondeenfaceF5