« Secrets d'histoire – Marie-Madeleine : si près de Jésus… »

Amie et disciple du Christ, est-elle une ancienne prostituée, comme l'Église l'a parfois prétendu ? Voire la compagne de Jésus, comme certains textes le suggèrent ? Entre foi et histoire, récits bibliques et légendes populaires, de la Provence à la Terre sainte, de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var) à Jérusalem, ce numéro de « Secrets d'histoire », présenté par Stéphane Bern, interroge le « mystère Marie-Madeleine ». Mercredi 20 mars à 21.10 sur France 3.

« Marie-Madeleine : si près de Jésus… » © SEP

Ce numéro de Secrets d’histoire débute dans le massif de la Sainte-Baume, en Provence. C’est là, dans une grotte naturelle creusée par l’érosion – devenue un haut lieu de pèlerinage – que la sainte aurait achevé sa vie terrestre au milieu du premier siècle de notre ère, bien loin des abords de Jérusalem où commence cette histoire. Une histoire de coup de foudre, en quelque sorte, entre Jésus et celle qui deviendra une figure féminine majeure du christianisme.
Lui est alors un prêcheur qui exhorte les habitants de la Judée sous domination romaine à réformer leur vie. On connaît la suite, racontée par les quatre évangélistes. L’arrestation, la mise à mort, etc. Marie-Madeleine est omniprésente. Elle est au pied de la croix durant le supplice, elle est de l'entourage qui porte le corps au tombeau, elle est parmi les premières personnes à qui le Sauveur aurait manifesté le miracle de sa résurrection, voire la toute première – selon les versions de l’histoire –, chargée d’aller annoncer « la grande nouvelle » aux disciples du Christ, puis au reste du monde.
Beaucoup de femmes, dans l’entourage de Jésus. Et beaucoup de Marie, pour ne rien simplifier : sa mère, la Vierge Marie ; la sœur de celle-ci ; Marie-Madeleine ; Marie Salomé, mère des apôtres Jacques le Majeur et Jean ; Marie Jacobé, mère de Jacques le Mineur, etc. Mais, plus compliqué encore, il y a, dans les sources, trois « Marie-Madeleine », si l’on peut dire : Marie de Béthanie (sœur de Lazare et de Marthe), figure de disciple au féminin ; la riche Marie la Magdaléenne (c’est-à-dire originaire de Magdala, au bord du lac de Tibériade), qui soutient financièrement Jésus et qu’il aurait délivrée de sept démons ; enfin, une pécheresse anonyme, qui oint les pieds du Christ, avant de les essuyer avec ses longs cheveux. Trois personnages dont la tradition et les légendes feront une seule et même femme, mystérieuse, aimante, belle, envoûtante..., qui aurait fui la Terre sainte pour échapper aux persécutions à l'encontre des premiers chrétiens, aurait gagné le sud de la Gaule, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, puis la Provence jusqu’au cœur du massif de la Sainte-Baume, pour y terminer ses jours dans la solitude.
Les chrétiens eux-mêmes n’ont pas toujours su très bien quoi faire de cette tradition. Les Pères de l’Église, volontiers misogynes, relèguent d’une façon générale les femmes de l’entourage du Christ au second plan. Au VIe siècle, le pape Grégoire le Grand a réuni officiellement les trois figures, faisant de sainte Marie-Madeleine une prostituée repentie (ce que l’Évangile de Luc ne dit pas vraiment), tandis que les orthodoxes refusent ce personnage composite. En 1969, le pape Paul VI décrète finalement qu’il faut distinguer les trois personnes, et la sainte devient alors une figure de disciple du Christ et même, depuis le pape François, en 2016, « l’apôtre des apôtres ».
Mais peu importe, sans doute, ces hésitations théologiques. Au fil des siècles, l’art s’est emparé de Marie-Madeleine, au point que celle-ci est devenue une figure féminine emblématique du christianisme, mouvante et multiforme (pénitente chez le Titien, extatique chez le Caravage, contemplative chez Georges de La Tour, surréaliste chez Dali, etc.), nourrie par la tradition plus souterraine des écrits apocryphes (c’est-à-dire non reconnus officiellement par l’Église) qui voyaient dans la Magdaléenne l’égale des apôtres – sinon plus : elle comprend mieux qu’eux le message –, la disciple préférée, voire la compagne du Christ, suggérant une union amoureuse et mystique entre les principes féminin et masculin dans la perfection chrétienne.

Participants

Christine Pedotti, essayiste • Philippe Séguy, écrivain • Isabelle Renaud-Chamska, théologienne • Jacqueline Kelen, écrivaine • le frère Dominique-Marie Cabaret, archéologue • Régis Burnet, théologien • le père Florian Racine, recteur de la basilique Sainte-Marie-Madeleine • Christian Doumergue, écrivain • le frère Stéphane Milovitch, supérieur de la basilique du Saint-Sépulcre • Sabine Maffre, conservatrice à la Bibliothèque nationale de France • le père Eamon Kelly, directeur-adjoint du site archéologique de Magdala (Israël) • Daniela Massara, conservatrice du musée Terra Sancta (Israël) • le frère Eleazar Wronski, supérieur de la Fraternité de Béthanie • le frère Eugenio Alliata, directeur du musée Terra Sancta (Israël) • Verena Lepper, directrice des Antiquités au Neues Museum (Allemagne) • le frère Olivier-Thomas Venard, professeur à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem • Deborah Cvikel, historienne et archéologue • le père Emmanuel Lemière, curé du sanctuaire des Saintes-Maries-de-la-Mer • le frère Patrick-Marie Bozo, prieur du sanctuaire de la Sainte-Baume • Magali Briat-Philippe, conservatrice en chef du monastère royal de Brou

 

Secrets d'histoire – Marie-Madeleine : si près de Jésus…

Si la Bible regorge de personnages mystérieux et fascinants, Marie-Madeleine occupe pourtant une place à part. Sa proximité avec Jésus, on parle même d’« intimité », parfois, éveille les passions et les polémiques les plus folles. Alors, que représente Marie-Madeleine aux yeux et dans le cœur de Jésus ? Doit-on croire à un amour impossible, ou à des sentiments plus ardents ? Car il s’agit bien d’un « mystère Marie-Madeleine », qui tient tout d’abord aux différentes sources qui nous sont parvenues et qui ne s’accordent pas toujours sur la véritable identité, ni sur le rôle qu’a joué cette femme. Pour mieux la comprendre, Stéphane Bern vous invite à fouler la terre de Jérusalem, là où tout a commencé, et ainsi tenter de déchiffrer les différents Évangiles, qui chacun à sa manière dresse le portrait de Marie-Madeleine. Est-elle d’ailleurs vraiment cette pécheresse repentie, cette ancienne prostituée, comme l’Église l’a parfois dépeinte ? Ce qui est sûr, c’est que Marie-Madeleine ne laisse personne indifférent. Depuis des millénaires, tout le monde a un avis sur son existence… et depuis des siècles elle nourrit les fantasmes des artistes, qui la dessinent ou la sculptent sous les traits d’une femme à la beauté absolue et aux charmes envoûtants.

Documentaire culturel (2024 – inédit) – Durée 110 min – Présentation Stéphane Bern – Auteur du documentaire et réalisation des sujets Sonia Dauger – Réalisateur des séquences avec Stéphane Bern David Jankowski – Réalisateur des évocations Sébastien Devaud – Production Société Européenne de Production, avec la participation de France Télévisions – Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée

Diffusé mercredi 20 mars à 21.10 sur France 3
À voir et à revoir sur france.tv

 

Publié le 20 mars 2024